Britalicus
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"Si le siècle des Lumières passe pour le siècle du plaisir, ce n'est pas seulement parce qu'il le recherche avec avidité, mais parce qu'il ne se lasse pas de le commenter, de le décrire, de l'analyser, de le justifier, de le mettre en système, de le décliner sur tous les modes, de le célébrer en vers et en prose, de le peindre, de le dessiner, de le graver. La Mettrie ne s'avise-t-il pas même de l'enseigner dans son Art de jouir ? Le plaisir est la découverte du siècle; il n'est personne qui n'en souligne ou n'en exalte l'importance."
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Tout le monde s'accorde sur ce point: le plaisir est un moteur universel. Non seulement il existe en chacun de nous, mais il apparait comme l'élément le plus actif de l'âme humaine, un principe nécessaire, un rempart contre le néant.
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Loin de le traiter comme une vaine dissipation, l'homme des Lumières s'y plonge avec délices, et s'abandonne jusqu'au vertige à l'enchantement des sens. L'âme n'a le sentiment d'exister (de "sentir son existence", comme on disait alors), que dans l'exacte mesure où elle jouit. D'où cet appétit, cette frénésie de vivre. D'où aussi le triomphe de l'érotisme, qui compte parmi les valeurs les plus précieuses de la civilisation, avec la recherche du luxe, la rêverie sur la nature, le goût de la fête, toutes ces choses enfin par quoi on exorcise les poisons de l'ennui.
Maurice Lever "Le Plaisir comme Art de vivre" Anthologie érotique Le XVIIIe siècle (Robert Laffont 2003)